Le jardin des caresses
Elsa sort de l'épicerie et resserre frileusement sa cape autour d'elle. Elle tient à la main un sac contenant bonbons, biscuits et boisson, petite contribution à la fête d'Halloween à laquelle elle se rend ce soir. Dehors la nuit est tombée, apportant fraîcheur et un voile d'humidité impalpable. Elsa traverse la petite cour qui fait office de parking d'un pas pressé. Des voix joyeuses et des rires lui parviennent de la rue, dont la vue lui est cachée pour l'instant par les maisons hautes entourant l'épicerie. Aussitôt le seuil du parking franchi, elle se retrouve happé par une joyeuse troupe d'adolescents en délire, de plus petits déchaînés, accompagnés de quelques adultes qui tentent dans bien que mal de canaliser les bambins surexcités. Tout le monde est déguisé, qui en sorcière, en vampire, en squelette ou en citrouille ou autres montres d'épouvante… Prise dans le flot exubérant, Elsa entreprend de remonter la rue principale. Ils vont dans la même direction qu'elle. Ce n'est guère surprenant, il n'y a quasiment que deux routes dans ce village situé en lisière de forêt, songe Elsa non sans une certaine ironie …
Elle est bien contente d'être venue passer quelques jours chez sa sœur aînée, mais pour rien au monde elle ne supporterait de venir s'enterrer ici. La campagne, elle supporte, mais à dose homéopathique.
Ce soir pourtant, le village n'est pas sans charme, elle le reconnait. Les habitants se sont particulièrement prêtés au jeu cette année, les pelouses s'ornent de citrouilles éclairées et grimaçantes, les vérandas sont décorées de toiles d'araignée, fantômes, chauves souris, le tout baignant dans des lumières glauques du plus bel effet. Il faut dire que l'architecture du village se prête merveilleusement à l'ambiance d'Halloween. De la rue principale, où les habitations récentes entourées de jardins, côtoient les hautes demeures anciennes en pierre, partent de longs chemins s'enfonçant entre des haies feuillues… partout ce n'est qu'ombre, recoins, bosquets et allées inquiétantes échappant à la lumière orangée des réverbères…. Les enfants s'éparpillent à droite à gauche, allant sonner aux portes … On entend des rires incessants ponctués de cris perçants …
Un jeune compte Dracula d'environ 25 ans dépasse Elsa avec un sourire et un clin d'œil égrillard. Elle lui renvoie un sourire éblouissant. Il faut dire qu'avec sa cape noire doublée de satin orange, son bustier de satin noir, sa jupe en voile noir à paillettes, retombant en lambeaux plutôt suggestifs sur ses jambes gainées de bas noirs et ses escarpins assortis, Elsa est une sorcière très appétissante. Un chapeau pointu noir fièrement campé sur ses boucles sombres complète sa tenue.
Et personne ne devine que sous ce déguisement de sorcière affriolante, Elsa ne porte aucun sous vêtement. Un petit plaisir qu'elle aime s'accorder en secret. Elle adore sentir la caresse du vent caresser ses jambes, remonter sous ses jupes et s'engouffrer là où vous savez. D' ailleurs ce soir la fraicheur environnante commence à s'installer sous ses vêtements, lui procurant les plus délicieuses sensations….
La petite troupe parvient à un embranchement, Elsa prend à droite, laissant ainsi une grande partie du cortège qui continue vers la gauche, dans la rue principale. Quelques ados sont encore avec elle, la devançant un peu, leurs silhouettes s'éparpillent dans les halos orangés des lanternes à l'ancienne bordant la route. Ils s'arrêtent à un portail, sonnent… Elsa arrive à leur hauteur quand elle pousse soudain un hurlement et fait un bond de côté, imitée par les adolescents… Avant que tout le monde n'éclate de rire. Embusqués près du portail, abrités des regards par le mur de la clôture, deux jeunes d'environ dix sept ans, attendaient, tapis dans l'ombre…. Au coup de sonnette ils ont surgit comme des diables par-dessus le mur, avec force hurlements, aspergeant leurs victimes de serpentins en aérosol.
Elsa échappe de peu au désastre, mais les ados en ont plein les cheveux et les habits, pour la plus grande joie des deux farceurs.
Riant encore, Elsa reprend sa route, pour bientôt tourner à droite, empruntant un chemin qui conduit à la forêt…. Ici règnent le silence et l'obscurité, la commune n'ayant pas jugé utile d'équiper le chemin de réverbères. A cet endroit, le rue longue des jardins obscurs et silencieux, les maisons sont en retrait de la route… Seul le martèlement de ses talons sur le bitume lui tient désormais compagnie. Inconsciemment, la jeune femme accélère le pas. Elle sort la lampe de poche dont elle a eu la prudence de se munir.
Elle a hâte d'arriver maintenant, heureusement la maison de sa sœur n'est plus très loin, à 300 mètres tout au plus … de là ils repartiront tous chez les amis qui organisent la soirée.
Elsa se réjouit à cette idée, elle espère bien qu'il y aura là quelques célibataires potables et divertissants, et pas seulement les ancêtres qui peuplent le quartier où habite sa sœur. Elle ne voudrait pas paraître désobligeante mais elle n'a pas fait 300 km pour se laisser périr d'ennui dans ce trou …
Elle est presque arrivée, les maisons ne bordent plus que le côté gauche de la route maintenant, sur la droite s'étend la forêt, sombre et vaguement inquiétante… dans la nuit les moindres bruits y résonnent, amplifiés, prenant des proportions exagérées. Les bois craquent. Elsa a même déjà entendu un hibou, alors qu'elle fermait les volets. Elle songe que si elle devait vivre ici, elle aurait les nerfs en pelote en peu de temps. Non, décidément, rien ne valait cette bonne vieille ville de Tours.
Plus que quatre maisons et elle est arrivée. Elle resserre frileusement les pans de sa cape autour d'elle… et s'immobilise soudain. Son attention vient d'être attirée par une lumière, sur la droite, un peu plus loin, dans les bois … elle distingue une silhouette derrière un carreau. Bizarre, elle n'avait jamais remarqué qu'il y avait une maison à cet endroit. La lumière est bien nette pourtant, la silhouette passe à nouveau dans son champ de vision. Bien qu'un peu éloignée, Elsa distingue parfaitement que c'est un homme, et il est … complètement nu lui semble t il ! Elsa hésite une fraction de seconde …. Elle n'est pas très en avance… Hésitation de courte durée, elle n'est à 5 minutes près et brûle de satisfaire sa curiosité d'un peu plus près. Il n'y a pas que les hommes qui ont un petit côté voyeur, songe la coquine en riant sous cape. Et si l'occasion se présente d'aller regarder de plus près un beau spécimen de mâle, elle ne va pas s'en priver.
Dis c'est pour bientot la suite???
Bises